Papier vergé vs feuillet origami (1/3)

Papier vergé vs feuillet origami (1/3)

Publiée le 28 mai 2019  

  • Correspondances

10 mars – Noël à Eulalie

Mots imposés : colibri – violoncelle – azur

Noël venait d’envoyer à Eulalie les trois mots qu’elle aurait à intégrer dans un texte, une courte histoire, un poème, peu lui importait. Le « petit jeu » durait depuis un bon mois. Il avait fait sa connaissance sur un site de défis littéraires. Mais après quelques productions postées sur le site et un court échange de mails persos, ils avaient décidé, de commun accord, de s’envoyer leurs écrits par la poste…

Étrange, tout de même, à l’heure où la virtualité est si présente dans notre vie quotidienne. Noël aimait le parfum du papier. Eulalie, pour lui faire plaisir, lui avait emboîté le pas : elle répondait aux défis soumis par Noël sur du papier origami, celui dont on se sert pour réaliser des pliages. Son choix s’était porté sur des carrés de 15 cm de côté, fleuris, dans les tons rose et bleu. Le papier utilisé quant à lui par Noël, c’était du « vergé », dont les nervures l’obligeaient à écrire de manière bien horizontale… 

Chacun s’était donc fait une idée des valeurs de son correspondant, de ce à quoi il ressemblait. L’homme imaginait Eulalie un peu fofolle, plutôt sportive, avec des cheveux courts, blonds (elle avait juste parlé de la couleur de ceux-ci) mais avec un soupçon de romantisme, tout de même. La jeune femme voyait Noël comme quelqu’un de très correct, vieille France, assez âgé pour être son père, très soucieux des convenances, poli, bien mis.

13 mars – Eulalie à Noël

« Pauvre colibri, encagé… 
Tu rêves de ciel azur et
Ton chant rappelle
Un violoncelle. »

Noël, en découvrant les quatre petits vers d’Eulalie, sourit… Si elle avait pu n’en écrire que deux, c’est ce qu’elle aurait fait. Il admirait la manière avec laquelle elle était capable de faire des liens entre les mots, qui, de prime abord, n’avaient rien à voir l’un avec l’autre… Si la jeune femme lui avait envoyé ce défi précis, il lui aurait répondu en trois missives, imaginant un paragraphe d’une dizaine de lignes pour chaque mot. Peut- être les paragraphes en question auraient- ils un rapport entre eux, mais ce n’était même pas certain…

Mots imposés : bicyclette – réverbère – Chinois

Surtout, ne pas verser dans la brièveté de ce qu’Eulalie lui envoyait. Il se mit donc à réfléchir au champ lexical de chaque mot proposé.

Bicyclette : parler des roues qui tournent ensemble, du chemin qu’elle est à parcourir, de ceux qu’elle a déjà empruntés (certains boueux, d’autres très secs), de ceux trop périlleux ou trop ardus qui font abandonner la promenade.

Réverbère : construire une histoire autour de la lumière qu’il diffusait autrefois, des scènes qu’il avait éclairées, des couples d’amoureux qui s’étaient peut- être appuyés contre lui pour des baisers passionnés.

Chinois : parlait- on d’un Chinois de Chine ? Parce qu’un chinois, c’est aussi un ustensile de cuisine. C’est en outre, un mot qu’on emploie pour parler de quelque chose d’un peu tordu… Non ? Dans le sens « chinoiseries »… 

Bref, il avait à réfléchir à tout cela : mettre les mots dans sa tête, les laisser se trouver une route imaginaire et demain matin, au lever, il aurait sans doute trois petites histoires à envoyer à Eulalie. Dans le cas contraire, et comme il le faisait habituellement, il enverrait ses productions l’une après l’autre, trois jours distincts… La jeune femme ne lui avait jamais dit qu’il prenait trop de temps et lui, il aimait écrire et se torturer les neurones pour lui envoyer de jolies choses…

…..

La correspondance établie entre Eulalie et Noël était donc tout ce qu’il y a de plus… littéraire. Jamais ils ne parlaient de leur vie personnelle, ou intime, de leur travail, de leurs goûts en matière de films, de musique… Non, que de l’écriture.

Au bout de quelques temps, cependant, Noël, plus entreprenant qu’Eulalie, insérait des petits sous- entendus dans ses envois. Un jour, par exemple, au lieu de lui répondre par un texte en prose, il lui fit parvenir un acrostiche. Ce qu’il y avait à lire grâce à la première lettre de chaque ligne, c’était : quand nous verrons- nous ? Dans la réponse qu’il reçut, il n’y avait aucune réaction d’Eulalie… Sans doute n’avait- elle pas remarqué le « petit jeu »… Il lui renvoya donc autre chose en « donnant un petit coup de pouce ».

« Quel est donc ce charmant message
Unique en son genre, s’il est sage
A mesure que se lit cet hommage
Niant les affronts et les outrages 
Dans ces quelques lignes, cherchez l’initiale
En vous concentrant, distinguez sans mal 
Notes et mots en fusion totale
Vers épars, minutes vespérales
Riez donc, douce demoiselle
A jamais je compte vous demeurer fidèle
Ici- bas, ma virtuelle mais réelle »

15 avril – Eulalie à Noël

En réponse à votre acrostiche : Orly, le 12/05 à 17h08. Oui ?

19 avril – Noël à Eulalie

Chère vous,

Avant de nous rencontrer réellement, permettez- moi tout d’abord de vous remercier pour ce moment que vous avez décidé de me consacrer. Je suis très sensible au fait que vous ayez accepté mon invitation.
Habitant à quelques pas de la Seine, je me propose de vous faire découvrir ses quais, ainsi qu’un petit restaurant qui charmera, je l’espère, vos papilles curieuses.
Bien sûr, vous logerez chez moi. A vite. Je vous embrasse.

Noël.

23 avril – Eulalie.

La jeune femme tournait et retournait le contenu de l’enveloppe. Elle allait donc voir Paris, pour de vrai ? Elle se dit qu’il lui faudrait des nouvelles tenues, des chaussures plutôt plates pour pouvoir arpenter les quais et les grands boulevards de la capitale. Il serait judicieux aussi de s’assurer que sa valise rose ait la bonne taille pour le trajet en avion. Et prévoir un petit cadeau à remettre à Noël. Il lui restait moins de trois semaines pour enquêter auprès de lui afin de trouver une idée « lumineuse » qui lui ferait vraiment plaisir.

27 avril – Noël

Bon dieu, ce qu’il était heureux ! Cette jeunette allait se jeter dans la gueule du loup sans aucune hésitation. Bien sûr, il serait doux, tendre et tout et tout. Mais il lui demanderait de se déshabiller devant lui, de se caresser, de… Rien qu’à y penser, il en était tout émoustillé. Il aimait les situations un peu tordues, les gênes provoquées par ses requêtes, le fait que ses « conquêtes » ne soient pas d’accord pour se prêter à ses jeux mais que, finalement, elles acceptent « pour lui faire plaisir »… Ouais, c’est ça. Les petites salopes : pour se faire plaisir à elles, plutôt.

Au début, il leur demandait de se caresser, gentiment, par- dessus la culotte. Bien sûr, elles se devaient de porter CE sous-vêtement. Les strings, bien que dévoilant les fesses, n’étaient pas assez couvrants pour ce qu’il aimait leur demander ensuite. Les culottes devaient être … blanches, comme le reste de la lingerie, d’ailleurs, et pas nécessairement trop collantes ni transparentes. Et puis, quand elles commençaient de mouiller, il exigeait qu’elles lui racontent ce qu’elles se faisaient, comment elles avaient du plaisir, ce qui les excitaient, si cela les dérangeait de s’exhiber. L’une d’elles était assez coincée, au début. Elle faisait mine d’être très prude, mais au final elle s’était révélée être une véritable petite vicieuse, allant jusqu’à lui envoyer des photos et des vidéos de ses séances de masturbation de manière totalement impudique. Elle jouait avec la lisière de son string blanc (elle lui avait dit ne pas porter de culotte et n’en avoir donc aucune dans ses tiroirs). Elle la faisait glisser à la droite de son pubis, exhibait sa fente, l’écartait largement avec ses doigts. Elle donnait l’impression d’être très excitée et d’aimer cela… alors qu’elle s’était fait prier à de nombreuses reprises.

Ces situations émoustillaient l’homme. Le pouvoir qu’il ressentait à « initier » ces jeunes personnes malgré elles était très aphrodisiaque. Il se sentait maître de la situation, décidant de quand et comment elles se donneraient du plaisir selon ses instructions.

Lui, par contre, était fort avare de partages quels qu’ils soient. Il ne leur parlait pas de la manière dont il se masturbait, ne disait jamais « tu m’as excité et je bande raide » ou ce genre de choses. Non, il préférait se montrer très décent. Il n’aurait pas voulu que l’une d’elles tourne les talons en le traitant de satyre. La plupart des jeunettes à qui il demandait ces faveurs étaient flattées de l’intérêt et de la confiance que leur accordait un monsieur aussi distingué qui faisait tout pour leur faire croire, justement, qu’il l’était (distingué). Une demoiselle avec un peu plus de plomb dans la cervelle lui aurait répondu qu’il n’était qu’un vieux cochon et l’aurait planté là. Heureusement pour lui, ses proies ne ressemblaient en rien à autre chose que des petites écervelées.

Mais cette Eulalie… Elle avait quelque chose de différent. Oui, elle était jeune, mais elle donnait l’impression de ne pas avoir à être initiée ! Pas « fleur bleue » comme les autres, même si elle lui faisait parvenir ses petits défis d’écriture sur du papier fleuri. Et puis, le fait aussi qu’elle expédie toujours les choses : quatre lignes pour trois mots à caser, ça n’avait rien à voir avec les tirades qu’il lui envoyait, lui. Elle lui avait dit être blonde. Elle devait avoir une allure jeune, énergique, pas diaphane ou juvénile. C’était cette détermination, somme toute, qui plaisait à Noël.

Là, d’ici quelques jours, il allait la rencontrer. Il tenterait de la charmer, tout en douceur, d’en faire « sa petite chose dévergondée ». Il imaginait son pubis, doré comme ses cheveux. Il imaginait la transparence de son string, imbibé de mouille, qui dessinerait sa fente. Il imaginait ses lèvres inférieures, gonflées, dessinant une petite colline sous sa toison… Il imaginait…. Et tant pis si cela ne marchait pas… De toute manière, il y en avait d’autres.

  • Paris - Week-end du 12 mai.
Tout commença par ses lèvres rosées…

Il les fixait. Il les imaginait, tendres, un peu gonflées par l’excitation, mouillées de salive. Il aurait envie de les suçoter, de les mordiller, de passer sa langue agile entre elle pour la faire frétiller, onduler de désir. Il l’écouterait lui murmurer entre deux souffles : oui, encore…

Et puis, sans plus aucune hésitation, il franchit les quelques mètres qui les séparaient. Il avait envie de la goûter, de la savourer. Il commença par retirer les lunettes de soleil de la jeune femme pour regarder ses yeux, passa son nez dans ses cheveux couleur de blé pour en humer le parfum léger. Les doigts dans son cou descendaient à présent lentement, très lentement, effleurant chaque vertèbre sans s’y attarder. Des petits frissons commencèrent de naître à chaque frôlement. Elle était vibrante. Elle leva les yeux vers lui.

Alors, il s’empara de sa bouche. Presque violemment. 

Une étrange correspondance s’était nouée entre eux, quelques mois auparavant. Des lettres, oui, de vraies lettres, alors qu’à l’heure d’aujourd’hui, on en était aux échanges virtuels. Il lui écrivait sur du papier vergé, ivoire, pliait la feuille en trois et la mettait dans une enveloppe de même qualité. Après avoir léché la partie gommée de celle- ci, il la refermait. L’adresse était déjà indiquée : mademoiselle E. Corne, avenue des Grands Platanes, 12 - 13200 Arles. Quant à lui, de manière régulière mais pas aussi fréquente, il recevait des missives courtes, parfumées, écrites sur du papier origami aux motifs floraux de 15 cm par 15 cm. Les enveloppes étaient colorées, elles aussi, mais unies. Monsieur N. Ammay, Castel Béranger, rue de la Fontaine, 14 – 75016 Paris.

La teneur de leurs messages ? C’était très simple. Cela avait commencé par des défis d’écriture. « Je rédige un début d’histoire d’une centaine de mots ou une suite. A vous de continuer en utilisant ces mots… ». Là, suivaient des noms communs, en général, mais aussi des verbes, des adjectifs, tous issus du temps passé. Mots oubliés ou dont le sens premier avait changé pour s’« adapter » au langage usuel actuel. Ils avaient déjà dû intercaler myrostoyer, rodilardus, gramenter… mais cela, dans une histoire cohérente. C’était un exercice de style mais aussi une véritable gageure pour l’imagination de chacun. Lui, grand seigneur, et certainement plus inspiré qu’elle, lui envoyait à peu près trois missives, une pour chaque mot, alors qu’elle, elle compressait son texte, utilisant les mots en un envoi unique de dix lignes au plus.

Ils ne parlaient pas de leur vie personnelle, de leurs soucis du quotidien. Ils ne s’encombraient pas de confidences tendres, ou révoltées. Non, juste leurs « exercices littéraires ». De temps à autre, il recopiait, au bas du feuillet vergé, un court poème d’un auteur français suranné. En général, cela rappelait l’idée de ce qui figurait au- dessus. Elle, par contre, si elle s’était laissé aller, il eût été certain qu’elle se serait servie du langage sms propre aux gens de sa génération. Il faut dire que plus de trente ans les séparaient. Elle était plus jeune que les enfants de l’homme. Mais, était- ce important, dans le fond ?.... Depuis quelques temps, ils avaient laissé tomber les masques littéraires, parlant chacun des pratiques sexuelles au sujet desquelles ils fantasmaient. Lui, de manière très enrobée de beaux mots, elle, plus simplement et plus crument.

Ils ne se ressemblaient en rien non plus physiquement. Elle n’était pas grande, avait une silhouette juvénile, peu de hanches, peu de fesses et pas beaucoup de seins non plus. Lui, en revanche, dans la force de l’âge était assez grand, élancé, tout en muscles. Il prenait soin de lui et généralement, on lui donnait une quinzaine d’années de moins que ses soixante ans… 

Ils ne s’étaient jamais rencontrés. En vrai. Mais là, elle avait mis quelques habits dans une petite valise (la suite nous dira de quoi il s’agissait) et avait sauté dans un avion pour rejoindre Orly. Ils allaient passer un week-end dans l’appartement de l’homme, écrivain connu du tout-Paris. Et puis, la vie de chacun reprendrait : échanges épistolaires et… davantage, si ces quelques jours se passaient bien.

Il l’attendait donc. Il n’avait pas l’habitude de ce genre de choses. D’abord, le lieu : le grand hall d’un aéroport, beaucoup de monde. Des touristes, des voyageurs d’affaire. Valises à roulettes, sacs de voyages, sacs à dos. Des amoureux qui se retrouvent, des enfants qui rejoignent leurs parents. Il regardait nerveusement la porte par laquelle sortaient les gens ayant pris le vol Marseille-Paris. Elle avait préféré prendre l’avion qui ne mettait qu’un peu plus d’une heure au TGV. Il ne savait pas vraiment à quoi elle ressemblait. Elle ne lui avait pas envoyé de photo. Elle lui avait juste parlé de sa taille et de ses courbes. Il savait qu’elle avait des cheveux blonds, mi-longs et qu’elle serait vêtue de bleu. On était à l’aube de l’été, en mai, et comme à Arles, il faisait chaud, elle ne porterait certainement pas grand-chose…

Voilà : ce devait être elle : le flot des passagers s’était arrêté et elle était là, un peu perdue, avec ses Ray-Ban sur le nez. Sa valise à roulettes rose pâle à la main. Elle portait un ensemble bleu : une jupe assortie à un petit haut rehaussé de dentelle. Aux pieds, des sandales plates. Et un petit sac caramel de la même couleur que ses chaussures. De fait, ses cheveux étaient blonds et elle n’était pas grande. Elle tournait la tête de gauche à droite, visiblement pour essayer de reconnaître son correspondant. Elle espérait qu’il ne serait pas en retard.

Et lui, il la regardait. Il aimait cette vulnérabilité. Elle avait mis du gloss rose sur ses jolies lèvres et il avait hâte de lui ôter ses lunettes de soleil pour savoir de quelle couleur étaient ses yeux…. Verts ? Noisette ? Gris ? Il recommença de regarder ses lèvres… Une véritable invitation aux baisers… Charnues. Et puis, n’y tenant plus, il la rejoignit. Sans beaucoup de précautions, après lui avoir retiré ses Ray Ban et passé la main dans le dos, il l’embrassa. Son baiser n’avait rien de tendre ou de doux. De la fougue. Un grand chamboulement. Il attendait ce moment depuis qu’il savait qu’ils allaient enfin se rencontrer. Elle, timidement, commença par ne pas répondre à ce baiser. Elle était surprise par tant de violence et d’insistance. Elle n’avait pas l’habitude des choses rapides à ce point. Elle s’était toujours contentée d’étreintes douces, remplies de précaution. Les hommes, en général, la traitaient comme une petite poupée fragile…

Elle le repoussa un peu. Elle voulait pouvoir le regarder. Elle allait s’habituer à ses élans à lui. Il fallait juste lui laisser du temps. 

Ils s’écartèrent l’un de l’autre. Il y avait plein de questions dans les yeux de l’homme. « n’était- elle plus d’accord pour le programme de ce week-end ? ». 

Il lui murmura, la bouche collée à l’oreille : « laisse- moi m’occuper de tes lèvres : je serai doux ». Et là, elle fondit, complètement. Elle imaginait les scénarios qu’il lui envoyait de temps en temps. Le temps qu’il mettrait à la déshabiller mentalement, à la parcourir juste avec les yeux. Les mots qu’il lui dirait, le feu qui montait de manière insidieuse mais très insistante entre ses cuisses… Ce n’était jamais que des choses écrites sur du papier vergé. Cependant, il était clair qu’il avait déjà largement songé à l’art et la manière de s’y prendre pour qu’elle soit très réceptive et très excitée. Le temps, la patience étaient de parfaits moyens pour l’amener au paroxysme du désir.

Lentement, elle entrouvrit la bouche. Il y glissa sa langue. Puis il commença de mordiller sa lèvre inférieure. Elle avait un goût de framboise. Le gloss, très certainement. Elle ferma les yeux et se laissa submerger par cette morsure. Elle se sentait comme soulevée par un grand frisson : elle était dans ses bras, serrée contre lui. Leur proximité fit qu’elle sentit, contre son ventre, l’érection de l’homme. Elle n’en fut pas mortifiée ni choquée. Elle savait qu’il était très sensible à ce qu’elle lui écrivait, même si, pour elle, c’était toujours du « léger ». Dans ce qu’il lui livrait, il ressortait nettement qu’il aimait le genre de femme qu’elle était, autant physiquement qu’intellectuellement. Elle n’avait pas « besoin d’être initiée » comme il l’avait déjà fait avec d’autres jeunes personnes. Non, c’était plutôt le fait de protéger une petite chose fragile, de vouloir lui faire franchir certaines limites, oser ces choses pour se donner du plaisir.

Leur étreinte ne dura pas longtemps. Ils se séparèrent à nouveau. Ils voulaient se regarder, retrouver ce qu’ils savaient l’un de l’autre. Elle, son corps musclé, svelte. Lui, le fait qu’elle soit très menue… Et là, il plongea ses yeux dans les siens. Des saphirs, d’un bleu pâle, si pâle, délavé.  Sa tenue était de la même couleur. Maintenant qu’ils étaient plus proches l’un de l’autre, il voyait la bretelle de son soutien- gorge un peu lâche, qui descendait sur son épaule hâlée par le soleil du sud. Elle savait qu’il aimait la lingerie blanche… Il y avait deux petits nœuds cousus à la bretelle. Ils étaient d’un rose tendre, bien plus pâle que le gloss qui donnait à ses lèvres l’aspect de petits fruits d’été mûrs à point. Il imaginait comment devait être le string. Elle lui avait dit qu’elle ne portait que rarement autre chose. Et il savait qu’elle assortissait toujours ses sous- vêtement avec soin. Elle était adorablement délicieuse à regarder. Il avait envie de plonger ses mains dans les cheveux blonds de la jeune fille. Il avait envie de jouer avec eux, de les faire glisser entre ses doigts. Ils avaient la couleur du sable… De son côté, elle faisait pareil. Il lui avait bien envoyé une photo, une seule. Sur celle- ci, il portait des lunettes de soleil. Il avait l’allure d’un quadragénaire. Ses mains étaient massives, comme pleines de force. Mais douces. Il donnait l’impression de profiter de la vie : pas les excès, non, juste l’appétit, l’enthousiasme. 

Il empoigna la poignée de sa valise à roulettes et lui fit signe. « On va prendre un taxi : ça ira plus vite. Mais après, si tu veux, on peut aller… se promener ?... ». 

Elle fut sensible à la proposition, même si, dans le fond, elle espérait qu’il ait envie de s’occuper d’elle. Elle attendait cela avec impatience. Même s’il ne lui avait pas expliqué comment il s’y prendrait, elle était certaine qu’il était très attentionné, très prévenant pour lui prodiguer du plaisir comme elle n’en avait jamais éprouvé. Jusqu’où les mèneraient leurs « petits jeux » ? Y avait- il vraiment de l’amour entre eux ?

Trajet en taxi qu’une trentaine de minutes. Il reprit de manière courtoise la valise de la jeune fille. Ils sentaient tous deux que l’envie commençait de grandir vraiment. Auraient- ils la patience d’attendre la fin de l’après- midi, ou le soir ? Ils arrivèrent donc à l’appartement du monsieur. Il se situait dans un immeuble de style art nouveau. Une grande porte pour y entrer. Un escalier dans un grand hall. Premier étage. Ils prirent l’ascenseur. Celui- ci les mena tout de suite dans le grand appartement : il n’y en avait qu’un par étage. C’était un endroit assez luxueux. Elle fut étonnée de voir un grand piano quart queue trôner dans la pièce à vivre. Le soleil jouait sur le couvercle. Il y avait de grandes fenêtres. Le reste, c’était une petite cuisine super- équipée, avec un coin à manger, une chambre et une salle de bain y attenant. Il lui dit de déposer sa valise sur le lit. Il lui demanda ce qu’elle souhaitait faire…

Les choses avaient déjà pas mal duré.

« je voudrais du plaisir… Juste comme une mise en bouche… »

Que voulait-elle dire ? Un … avant- goût ? Une invitation à la dégustation ? De lui ? Quelque chose qu’elle se donnerait à elle ? 

« Te faire attendre, languir, jusqu’à ce que tu ne puisses plus tenir… Te faire découvrir le plaisir après le manque… »

Ils commencèrent par gagner les bords de la Seine : il voulait lui montrer comment le soleil joue avec l’eau. Ils s’assirent sur un banc. Elle retira ses chaussures et replia ses jambes contre elle. Sa position, loin d’être vulgaire, n’en était pas pour autant innocente. De toute manière, à cet endroit, la largeur du fleuve était telle qu’il aurait été impossible à quelqu’un se trouvant sur l’autre berge de distinguer ce qu’elle portait sous sa petite jupe bleue. Elle le savait.

Lui le supputait… Il avait envie de voir. Et de la place où il se trouvait, c’était irréalisable. Il ne voulait pas la caresser, juste la regarder. Il lui demanda de rester dans la même position mais de faire un quart de tour vers lui. Elle comprit.

« je voudrais d’abord faire quelque chose, sans me tourner vers toi. Tu es d’accord ? »

Lentement, et sans lui laisser le temps de répondre, elle ouvrit les jambes et commença, de manière totalement indécente, de se caresser. Son majeur gauche frottait son clitoris tandis que l’index et l’annulaire de la même main écartait ses lèvres. Sa cyprine rendait son string de plus en plus transparent. L’homme était excité. Cela se voyait. Il ne disait rien, ne se touchait pas, mais son souffle était précipité. Il avait envie de la mater. Et elle, elle avait envie de le chauffer vraiment. Elle savait les effets que ses caresses auraient. D’abord, sur elle, parce qu’elle mouillerait de plus en plus. Ensuite, sur lui, parce que se masturber en live et se liquéfier sous ses yeux, ce qui n’allait pas tarder à arriver, serait certainement un beau cadeau qu’elle pourrait lui faire. De temps à autre, elle fermait les yeux, savourant l’instant. Elle effleurait alors sa poitrine de manière très légère : elle n’aimait pas ses seins. C’était quelque chose qu’il aurait à lui apprendre : apprivoiser le plaisir procuré par cette partie de son corps. Elle continuait, en soupirant. De temps en temps, elle écartait le string de sa fente en continuant de titiller son bouton. Cela la chauffait tellement qu’imperceptiblement et très lentement, elle fit le quart de tour dont il lui avait parlé et se retrouva face à lui. Ses doigts étaient trempés. Elle commença de se servir de sa main droite dont elle enfonçait gentiment l’index dans sa vulve. Elle avait toujours son string. Celui-ci était imbibé de ses sécrétions. Elle continua de se frotter de plus belle, de sentir sa mouille couler entre ses cuisses… Elle adorait cela. Elle planta ses yeux dans ceux de l’homme. Celui-ci la regardait, fixement, comme hypnotisé par cette main qui bougeait si vite, si efficacement, et par le sous- vêtement transparent de ses sécrétions…. Ensuite, après avoir fait jouer la lisière de son string avec l’entrée de sa chatte, elle la fit s’enfoncer entre ses lèvres. Celles-ci étaient gonflées, rouges. Epilées juste comme il aimait. Un joli triangle de poils pubiens, blonds et fins, mais les lèvres imberbes. Il respirait plus fort et disait entre ses dents « oui, ça m’exciiiiite, continue. Tu me fais bander… J’ai envie de goutter ta mouille, ma petite vicieuse… ». 

Mais il fallait encore attendre… Il n’était pas question de s’exhiber ici, sur le quai de la Seine. Il avait envie de la prendre, mais au final, cette ballade ne faisait qu’exacerber leur envie. Lentement, elle retira son string trempé, le lui tendit et lui fit signe de le respirer puis de le mettre dans la poche de son jeans… ce qu’il fit.

Ils reprirent alors le chemin du retour. Elle, les fesses à l’air. Lui, la main gauche dans son cou et la droite dans sa poche. Il jouait alternativement avec le sous-vêtement rempli de cyrpine et avec le bout de son sexe qu’il pouvait toucher discrètement et qui avait du mal à rester contenu dans son boxer. Elle était simplement comme il l’avait espéré. Cette relation épistolaire intellectuelle allait se transformer en une partie de baise comme il n’aurait peut-être plus l’occasion d’en connaître … C’est en pressant le pas qu’ils atteignirent finalement l’appartement de l’homme. Ils ne s’étaient pas embrassés. Il fallait encore attendre… même si la chaleur les avait gagnés tous les deux.

Ascenseur… 1er étage….

« Je dois faire pipi. »

Il frémit à l’idée de ce qu’il allait lui demander… Le faisait- elle exprès ?

« salle de bain… Mets-toi dans la douche et laisse-moi te regarder pendant que tu…

  • C’est gênant, tout de même, non ?
  • Ne me regarde pas. Ferme les yeux et continue juste de te caresser pendant que tu fais pipi. Tu veux bien ? »

Elle ôta ses chaussures et sa petite jupe. Elle s’était retenue trop longtemps. Cela ne dura pas plus de quelques secondes et cela eut un effet soulageant très intense. Elle aima la sensation de l’urine chaude qui lui coulait entre les jambes. Le fait que ses doigts reprennent leurs va-et-vient sur son clitoris accentua le plaisir. Et puis, un peu honteuse, elle « redescendit ». Elle regarda la main de son partenaire de jeu qui s’était emparée de son membre et qui coulissait lentement. Il fallait que cela monte encore un peu.

Elle lui demanda une serviette éponge et après s’être lavé le sexe et le haut des cuisses, se sécha juste un peu le pubis. Elle ne voulait pas que sa cyprine soit gaspillée de cette manière. Elle lui dit qu’elle voulait lui offrir un joli moment et qu’elle aurait aimé qu’il la laisse quelques minutes seule : elle alla se changer… Il regagna donc la pièce à vivre pendant qu’elle se maquillait et se changeait. Elle avait pensé à une tenue très … sage. Enfin, non, ce n’était pas le terme : bien sûr, de la lingerie blanche, cela n’avait rien de particulièrement osé… Ce qui l’était, ce serait la manière dont elle s’en servirait pour l’exciter. Et puis, il y avait aussi ses jouets, qu’elle avait emportés sans savoir si elle allait en user, en abuser. Elle voulait que le moment tant attendu soit parfait.

« Je suis prête. »

Il connaissait son goût (ils avaient échangé à ce sujet, juste une fois) pour la masturbation au creux des draps, comment elle pouvait s’envoyer en l’air avec quelques mots murmurés ou des audios glanés sur le net.  Elle connaissait son appétit des jeunes filles en fleur à initier, des collégiennes aux culottes Petit Bateau, ingénues et vicieuses. Elle espérait pouvoir le combler parce qu’il n’était pas dans ses habitudes de « jouer les Sainte- Nitouche ». Oui, elle aimait aguicher mais elle avait tout de même plus de 20 ans…

Elle se planta donc, juste vêtue d’un string blanc, pur et virginal, avec quelques petites broderies bleu clair et un soutien-gorge assorti. Un joli modèle balconnet, qui contenait sans mal ses petits seins pas plus gros que des clémentines. Sa peau brunie par le soleil contrastait avec l’ensemble. Adorablement craquant. Elle l’attendait…

Il franchit la porte. Pendant qu’elle s’était changée, il en avait profité pour faire un passage à la salle de bain. Il sentait bon le bain douche et ses cheveux étaient encore un peu humides. Il s’assit sur une chaise, face au lit et lui demanda s’il pouvait lui « donner des ordres ». Il ne voulait en rien qu’elle se sente soumise à ses désirs. C’était plutôt des conseils pour qu’ils soient chacun excités le plus possible, que cela dure longtemps et qu’au final, ils jouissent très intensément.

Il était assis, donc. Elle était debout. Lentement, elle recommença de se caresser le bouton au travers de son string. L’excitation la gagna plus rapidement. Cette fois, ses mouvements étaient plus libres. Plus de risques d’être surprise par des voyeurs. Plus de craintes de se faire repérer à l’odeur. Elle voulait s’offrir et offrir son plaisir à son amant.  Elle refit jouer son string dans sa fente, la découvrant, la recouvrant mais ne l’ôtant jamais. Elle prenait un peu de sa mouille sur un de ses doigts droits et la déposait en petits cercles sur son ventre. Elle le voyait respirer de plus en plus vite. 

« Vicieuse, petite vicieuse…. Hmmmm, c’est bon ça. C’est joli, j’adore ça…. »

S’ils n’avaient pas échangé si longtemps par courrier postal, elle aurait pu imaginer qu’elle était face à un pervers, très allumé par les jeunes filles et très désireux de prendre son pied en leur demandant un tas de choses cochonnes… Elle savait qu’outre les apparences, il voulait surtout que le désir et le plaisir soient au rendez-vous pour ELLE.

« Tire sur ton string, que je voie bien ta fente….

—…

— Tes lèvres, maintenant…

— …

— Vas-y, n’aie pas peur : un doigt dans la chatte et un dans ton petit trou du cul… Avec ce que tu t’es déjà paluché, tu dois être trempée, non ?

De fait, c’était exactement cela. Une large coulée de cyprine s’étalait à présent dans son string. Il était peut- être temps de l’ôter ? Délicatement, elle le fit descendre le long de ses jambes et le contempla… D’un coup de pied, elle l’envoya atterrir sur les genoux de son partenaire qui le prit et le porta à son nez. Un petit « hmmm » de contentement… C’était vraiment ce qu’il chérissait…

Lentement, mais ça, c’était davantage pour elle, elle fit tomber les bretelles de son soutien-gorge en regardant l’émoi provoqué… Il était toujours assis en face d’elle, le pantalon et le boxer  baissés un peu plus bas que les genoux et son string à elle dans sa main gauche, roulé en boule et près de son nez… Il se bâfrait de l’odeur qui s’en dégageait. De sa main droite, il avait commencé de se masturber. Lentement. Il s’imaginait dans son cul. Il s’imaginait enserré. Prisonnier. Captif de ce petit passage étroit… S’il la pénétrait en levrette, il serait certain qu’il ne devrait pas faire de grands mouvements pour « toucher le fond ». 

De concert, ils se caressaient. Ils aimaient cela, la masturbation simultanée. Cela leur permettait de se laisser aller à fantasmer. C’était délicieux, inoffensif, parfois violent mais toujours très bon. Ils parvinrent à un premier orgasme… doux, simplement doux, mais léger.

Il s’approcha du lit, se mit sur le dos et lui demanda de l’enjamber et de venir déposer son sexe trempé sur sa bouche. Il avait envie de la goûter… tellement. Elle s’exécuta, sans se faire prier, heureuse de lui faire autant d’effet. Il commença par lui lécher le clitoris de sa langue agile, ensuite, il passa à sa vulve en imaginant que quelques minutes plus tard, il s’occuperait de son anus avec autre chose que sa bouche ou ses doigts.

Puis, comme pour en finir, il la fit se coucher sur le lit, les cuisses ramenées contre son buste. Se remettant debout, il joua avec sa rosette, la titillant du bout de son sexe, faisant passer son gland entre ses fesses… Il filait et leurs fluides commencèrent de se mélanger vraiment. Le jeu ne dura pas plus de cinq minutes. Il la sentait très réceptive et très ouverte, il lui fit écarter les jambes d’un coup et la pénétra avec force. Puis, la pilonna encore et encore, profondément, amplement. D’abord l’anus, ensuite le sexe. Elle pleurait tant l’afflux de sensations était vif. Elle dodelinait de la tête. Il aimait la voir perdre tout contrôle. Cela le rendait fou, ivre de désir pour cette petite chose fragile mais si déterminée et si forte, finalement. Et puis, et surtout, il avait envie de voir ses yeux saphir se voiler. Sa poitrine se soulever de plus en plus vite. Il finit par décharger presque silencieusement mais ….elle sentit son membre se raidir plus encore et investir totalement son vagin et puis, juste après, ressortir d’elle pour éjaculer tout son sperme sur son ventre… Il était doux, liquide, et abondant. Ensuite, elle se servit à nouveau de ses doigts à elle pour arriver à l’orgasme. Elle se branlait le clitoris et la jouissance arriva au moment où elle prit un peu de sa mouille pour la mélanger au sperme de son amant et s’en badigeonner les seins… 

Ils reprirent leur souffle… Leurs bouches étaient sèches tant ils avaient inspiré par là… Ils s’embrassèrent, mêlant leurs langues, leur salive, et ce qu’elle avait sur les doigts : divin mélange de leurs sécrétions. Ils se sourirent et leurs sourires se transformèrent en véritables éclats de rire. 

Il faisait noir à présent… La nuit était tombée. On était en mai, il faisait doux. Ils feraient peut- être une promenade main dans la main, sans autre projet qu’un moment tendre. Ils étaient repus du plaisir qu’ils avaient pris et donné à l’autre. Ils étaient bien. Demain soir, ils se sépareraient. Ils reprendraient chacun le cours de leur vie à des kilomètres l’un de l’autre. Ils recommenceraient leurs échanges de lettres qui sur du papier vergé, qui sur des feuillets fleuris « spécial origami ». 

L’homme l’embrasserait avec davantage de fougue encore que le jour précédent et cette fois, elle se laisserait faire vraiment. Ses lèvres rose framboise accueilleraient avec délices cette langue à la fois tendre et entreprenante. Il y aurait à nouveau échange de fluides. Cette fois, ils seraient mêlés aux souvenirs chauds et particuliers de leur nuit et de tout ce qui l’avait annoncée : leur baiser dans le grand hall de l’aéroport, leur promenade sur le quai de la Seine, l’épisode dans la douche et puis… leurs ébats… 

Lui, il savait déjà ce qu’il lui proposerait comme contrainte d’écriture …

Elle, elle lui enverrait des petits morceaux d’elle, dans des enveloppes matelassées : lingerie très sage et photos délurées.

Ils se retrouveraient : Eulalie et … Noël… 

 

  • Entre Paris et Arles 

Après ce court séjour à Paris, Eulalie et Noël avaient décidé de ne pas en rester là… La jeune femme avait donc invité le monsieur à passer un week-end au soleil du sud. 

Elle avait été très désarçonnée par Noël : elle imaginait quelqu’un de plus âgé qu’elle, certes, respectueux de certaines convenances, mais n’aurait jamais pensé que sous ces airs de grand seigneur, il était aussi dépravé. Bien sûr, elle aurait pu faire demi-tour illico presto et ne pas donner suite aux messages vocaux, textos ou quoi que ce soit qu’il lui envoya après ces deux jours mais comme un parfum de soufre lui faisait frétiller le bas du ventre…

Pour lui, Eulalie était… parfaite : une perle. D’abord un physique presque androgyne, de ceux que l’homme aimait particulièrement. Elle ressemblait à ces statues d’éphèbes. Mais contrairement à eux, elle avait le sang chaud et elle était une femme… La manière dont elle était entrée dans ses jeux lui avait plu infiniment. Il n’espérait qu’une chose : c’est que leur histoire aille plus loin.

Mais, fallait- il parler d’une histoire ?

Jusqu’à présent, c’était juste une question de « bons procédés » : je te fais le show et tu me donnes… ce que tu veux. Elle n’y était pas allée par 4 chemins quand elle s’était caressée et déculottée devant lui, sur ce banc, sur le quai de la Seine. Et lui, il avait embrayé : dieu, ce qu’elle était audacieuse et vicieuse. Il avait adoré cela. Ensuite, ils s’étaient donné du plaisir chez lui : elle, en continuant de s’exhiber et lui, en se masturbant. Le « grand orgasme », ça n’avait jamais été que l’aboutissement à toutes ces excitations et dans une moindre mesure, reconnaissons- le, ces pénétrations très vigoureuses de son amant.

Une bonne partie de jambes en l’air, de… fesses à l’air, de… N’entrons pas dans des détails plus scabreux. Ils allaient passer deux jours au soleil arlésien et sans doute qu’après, les choses seraient plus claires.

D’abord, pour honorer un serment qu’elle avait fait à Noël quand celui-ci l’avait reconduite à l’aéroport d’Orly ce dimanche en fin de journée, Eulalie avait pris son courage à deux mains. Elle était allée s’acheter un portable avec un plus grand écran que celui qu’elle avait et s’était assurée que celui-ci pouvait prendre des photos très précises. Noël lui avait parlé de son goût pour les clichés de « minettes très humides ». Elle aurait à faire des essais pour que ce qu’elle lui enverrait soit précis, assez éclairé, et surtout joli. Elle ne voulait en aucun cas paraître vulgaire. C’était déjà bien assez qu’elle se prête au jeu mais s’il fallait en plus qu’elle passe pour une vraie salope… 

C’est pourquoi, depuis quelques jours, elle se prenait en photo. En général, c’était au sortir de la douche, le matin. Elle photographiait surtout sa fente, ses lèvres, sa toison, ses doigts qui la fouillaient. Elle le faisait dans toutes les positions : assise sur un tabouret, debout de face les jambes à peine écartées, debout mais entre les jambes à la hauteur des genoux. Elle devint rapidement experte. Elle savait comment se mettre pour capter la lumière du jour, celle, plus blanche, de l’éclairage de la salle de bain, celle un peu ocre de sa chambre. Un jour, elle fut même inspirée et, les clichés n’étant pas à son goût, elle se filma en train de s’introduire un de ses jouets dans la chatte. Elle avait le bas du corps nu et elle se l’enfonçait lentement mais sûrement. Ensuite, elle lui faisait effectuer des petits mouvements de va et vient avec des bruits mouillés et des soupirs. Elle était certaine que cela plairait à Noël. 

Pour ne pas déroger à leurs habitudes, elle mit le résultat de ses séances sur une minuscule clé USB et l’envoya par la poste au monsieur.

25 mai – Paris : Noël à Eulalie

« Ma très chère petite vicieuse,

Ces clichés sont délicieux. Et cette petite vidéo, un chef-d’œuvre. Je les regarde et les regarde encore scrutant sur chacun d’eux les traces de cyprine sur tes cuisses ou encore entre tes lèvres… tes doigts sont charmants, tes nymphes également. J’aime particulièrement ce fin duvet si clair et que je sais très doux. Y perdre ma langue, la remuer très agile et te faire frissonner… Hmmmm. Combien j’attends ce moment…

Arles, arrivée par le train à 15h39 ?

Ton N. »

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Vous venez de découvrir la première partie de cette nouvelle concoctée spécialement pour vous par Bleue. La suite la semaine prochaine...